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Un métayage appauvrissant Un métayage appauvrissant

Ce type de location était généralisé dans les régions les plus pauvres du Centre et de l’Ouest, et coûtait au métayer plus cher qu’un fermage.

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Jusqu’en 1946, le progrès de l’agriculture française s’est mesuré, en partie, à l’absorption du métayage par le fermage. Jusqu’au XIXe siècle, le premier a tenu tête. À la différence du fermage, le métayage répondait à un partage de la récolte. Il représentait un bail à portion de fruits. En principe, il était à mi-fruits (ad medietatem en latin, ce qui a donné métayage) et assurait la survie de l’exploitation grâce aux avances du bailleur, qui fournissait souvent aussi la moitié des semences. Ce régime était contraignant pour le propriétaire, qui devait surveiller de près la marche de l’exploitation, pour ne pas se faire léser sur son dû. Il autorisait, en revanche, un profit directement indexé sur la production agricole, à la différence du fermage. Sa part, réglée sur l’aire de battage, n’était pas toujours de la moitié. Parfois, elle n’était que d’un tiers (tierçage). Mais presque toujours, le bailleur participait aussi aux avances culturales : entretien d’une partie des ouvriers (moissonneurs, batteurs), fourniture d’une partie du bétail et d’une partie des semences. La formule portait des noms divers. Certains, le « grangeage » par exemple, singularisaient plusieurs provinces, comme le Charolais ou le Vivarais.

Le métayage correspondait à des locataires dépourvus de grands moyens. Les métayers possédaient une tradition et une compétence technique, ils détenaient aussi le matériel agricole et une partie des animaux. Mais ils disposaient rarement de l’ensemble de leur capital d’exploitation : bœufs et moutons leur étaient loués par le propriétaire, avec partage de la moitié du croît (laine, toisons et agneaux pour les ovins,veaux et laitages pour les bovins). Les animaux complémentaires étaient pris à bail pour la culture des terres. En pays de métayage, il était fréquent qu’un contrat intégrât un bail à cheptel.

Tout au long de l’époque moderne, les métayers semblent s’être appauvris. Pour régler leurs dettes, ils vendirent leur cheptel…, pour ne le récupérer qu’à titre de bail. Au XVIII e siècle, en Bourbonnais, en Berry et en Auvergne, mais aussi dans les campagnes toulousaines ou la Gâtine poitevine, ce sont de pauvres hères, à la merci du propriétaire ou d’un intermédiaire. Ce dernier pouvait être un gestionnaire peu scrupuleux, qui louait un ensemble de métairies à un grand propriétaire pour les sous-louer ensuite, avec son profit, aux cultivateurs eux-mêmes.

Le métayage imposait au locataire des charges beaucoup plus lourdes que le fermage. En particulier, le métayer n’était pas libre de disposer de son bétail et il était assujetti à des charrois importants. Toute sa production était passée au peigne fin avant qu’il puisse disposer de sa part. En fait, ce régime, important dans le centre et l’ouest du royaume, correspondait aux régions à faibles capitaux. Dans les régions plus riches, comme la Normandie, il avait fait place au fermage au cours du XVI e  siècle. Dans les régions plus pauvres, il s’était généralisé et les conditions s’en étaient aggravées : le personnage de Jacquou le Croquant souligne, sous la plume d’Eugène Le Roy, la détresse des métayers du Périgord, en cours de prolétarisation au début du XIXe siècle.

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